jeudi 11 septembre 2008

Kiwi - Ce qu'en dit la presse...

LE COURRIER (Quotidien suisse) ~ Julien Lambert
Samedi 26 JUILLET 2008

Soliloques vibrants et jeunes productions de groupe sont les extrêmes à prospecter dans l'océan du Festival «off» d'Avignon. Ils réhabilitent émotion et investissement personnel dans le spectre artistique. Sélection

(…) Ainsi, le «off» a-t-il révélé quelques merveilles de symbiose entre un cadre particulier et une adresse intense, qui implique également un travail d'acteur qui – en matière d'investissement personnel – va plus loin que le théâtre. Le hasard veut qu'elles soient souvent l'œuvre de francophones non hexagonaux.

(…) Kiwi n'est pas un monologue, mais il s'y apparente. La pièce du Québécois Daniel Danis suit les récits en temps réel de deux enfants des rues. Autre sujet atroce, autres moyens artistiques pour l'humaniser, paradoxalement. Sur la scène obscurcie, une caméra à rayons infrarouges traque en permanence les visages des comédiens, presque invisibles. Pourtant, la seule conscience de leur présence savamment économisée donne une âme aux écrans.

La langue de Danis, simple et poétique à l'exception de quelques rares basculements dans le pathos, y trouve un répondant visuel lisse et troublant, qu'accentue encore la capacité rare des comédiens à ouvrir leur visage. «C'est comme se raconter des histoires, seule dans son lit», nous confie l'actrice Marie Delhaye après le spectacle. Ou comment déjouer les excès technologiques en les mettant pour une fois vraiment au service du jeu.

LA CROIX ~ Didier Méreuze
Samedi 26 JUILLET 2008

« A AVIGNON, LE MEILLEUR DU OFF. Dans une offre inégale, voici quelques choix de spectacle en forme de coups de cœur

… Si tous ne sont pas d’intérêt égal, il n’en reste pas moins d’heureuses surprises. A commencer, au Théâtre de La Manufacture, par Kiwi, bouleversante descente aux enfers des gosses des rues, du Québécois Daniel Danis dont le site de La Croix s’est déjà fait l’écho. »

LES ECHOS ~ Gilles Costaz
Lundi 28 JUILLET 2008

… Parmi les auteurs contemporains, le Québécois Daniel Danis a fait fort dans l’utilisation des techniques nouvelles avec Kiwi, l’histoire d’enfants miséreux vivant dans la marge d’une société criminelle : les acteurs jouent derrière des écrans et ne sont vus qu’à travers les images filmés en direct »

LA CROIX.com ~ Didier Mereuze
Jeudi 10 JUILLET 2008

« une pièce dure mais pleine d'espoir

Parmi les mille spectacles du OFF de cette année, il n’est pas toujours facile de trouver son bonheur. Mais il y a LA pièce de Daniel Danis : « Kiwi ».

Daniel Danis est un auteur que l’on connaît bien en France depuis quelques années. C’est un Québécois qui a la particularité d’avoir travaillé, il y a 15/20 ans comme missionnaire laïc dans un orphelinat fondé par un pasteur anglais. Ce détail ne relève pas de l’anecdote puisque cela correspond à l’esprit de son écriture qui s’attache aux gens un peu perdus, à ceux dans la douleur, aux personnes dans la soif d’amour.

C’est ce que l’on retrouve dans tout son théâtre que l’on a pu voir en France depuis 1995 avec des pièces comme « Cendres et Cailloux », « Le chant du dire-Dire » ou « Le Langue-à-Langue des chiens de roche ». Daniel Danis a été monté notamment par Alain Françon, ce qui est une référence et à Théâtre Ouvert chez Lucien Attoun.

Là, en ce qui me concerne, c’est la première fois que je le vois comme metteur-en-scène.
Au départ, cette pièce pourrait être assez banale. Il s’agit de la descente dans les bas-fonds des gosses de rue d’une petite fille qui vit dans un bidonville qui va être détruit pour préparer les jeux olympiques. Abandonnée par sa famille, elle va se retrouver seule jusqu’à ce qu’une bande de jeunes la récupère et l’entraine dans leur famille. On pense beaucoup aux « Misérables » et à Gavroche sauf que Victor Hugo écrivait au 19ème siècle et que là nous sommes au 21ème siècle mais que les choses n’ont pas beaucoup changé.

On entend toute la litanie de ces gosses de rue qui inhalent de la colle, volent, se prostituent et qui, au fond, rêvent de créer une sorte de phalanstère, de vie utopique. En général, ça finit mal alors que là ça se termine plutôt bien. Il y aura une résurrection possible, ce qui est symptomatique chez Danis. Par delà cette histoire qui est très belle, sans misérabilisme et sans complaisance, ce qui intéressant est son travail à la fois sur le texte et sur la vidéo.

Une vidéo qui n’est jamais une surenchère sur l’image et sur les comédiens. Ces derniers disparaissent, apparaissent sur l’écran avec des mélanges d’archives et un traitement des images qui donnent un voyage très poétique, très violent mais plein d’amour. C’est vraiment très beau et les comédiens, Baptiste Amann, Marie Delhaye le sont également. Dans l’histoire, il y a une maturité, un regard sur la vie qui est terrible, un mélange de vieillesse de la vie vécue et d’innocence. Et même lorsqu’il parle de prostitution, de drogue, c’est avec tendresse et plein d’espoir. »

WEBTHEA ~ Jean Grapin
Jeudi 17 JUILLET 2008

« … Le texte de Danis a la dimension d’un conte à la fois cruel et réaliste. Il serait tragique s’il ne montrait pas le bon coté des choses, forcément. L’espoir, malgré tout, est tendre, toujours. Au service de cette écriture, la mise en scène qui mêle jeu et projections filmiques, apporte dans sa sobriété un équilibre rare où l’intime prévaut sur le spectaculaire. Etonnamment, la vidéo apporte une aura subtile, un surcroît d’âme. Le cameraman prend la place d’un marionnettiste. Faisant écran, il donne à voir. Les comédiens, qui jouent dans le noir, apparaissent par intermittences dans les interstices comme figurants de leur image projetée, comme autant de gros plans de leur être. Cette co-présence des acteurs et de l’image est un effet rare qu’il faut saluer : il y a là les nouveaux territoires. »

LE MONDE.fr ~ Martine Silber
jeudi 24 JUILLET 2008

« Marathon sans (trop) se fatiguer à La Manufacture, ce lieu bien singulier du off comme l’explique son directeur Pascal Keiser dans un entretien avec Emile Lansman, et prendre une navette car certains des spectacles programmés ont lieu hors les murs à la patinoire de Foncouverte.

Cela en valait la peine. Kiwi est le fruit d’une collaboration entre le Québécois Daniel Danis et le Belge Benoît Dervaux qui a travaillé pour l’émission Striptease sur France 3 et avec les frères Dardenne. Alors que Daniel Danis voulait raconter l’histoire de Kiwi, petite fille abandonnée qui trouve refuge dans une bande d’enfants des rues, il a rencontré Benoît Dervaux qui avait tourné un film documentaire sur les enfants des rues en Roumanie, après la chute de Ceauscescu. Leur collaboration permet de mêler le conte et la réalité, le théâtre et le film. Les deux jeunes acteurs sont filmés en direct sur le plateau avec une caméra infra rouge alors que défilent derrière eux tantôt ces images, tantôt des images pré filmées. L’histoire de Kiwi est terrible et ne finit bien que parce que le film était destiné au départ à un public adolescent. On prépare les jeux olympiques dans la ville où ils vivent et il faut dégager la racaille. Les autorités ont donné l’ordre à la police d’évacuer les habitants des bidonvilles qui seront détruits. La police pourchasse les enfants, dans le meilleur des cas les emprisonne, mais n’hésite pas à les tuer. Pour survivre, ces enfants et adolescents qui se sont constitués leur famille et portent tous un nom de fruit ou de légume, mendient, volent, et se prostituent afin de gagner de quoi survivre et accomplir leur rêve: acheter une maison. »

LES TROIS COUPS
Mise en ligne samedi 26 JUILLET 2008

Dans « Kiwi », Daniel Danis, un des dramaturges québécois les plus joués à l’étranger, s’intéresse aux enfants de la rue. Voilà une pièce bouleversante, un spectacle original et absolument nécessaire qui devrait intéresser un vaste public (à partir de 13 ans) pour le sujet, bien sûr, mais aussi son traitement, qui accorde une large place aux arts visuels. La pièce commence alors que Kiwi a douze ans et se termine l’année de ses quinze ans. Trois années de cauchemar qui se termine pourtant comme un conte (…) Le langage filmique est virtuose : angles, cadrages, perspectives, échelles de grandeur, flous, grains de l’image, rythmes, tout est savamment pensé. Et la maîtrise formelle de ce spectacle sert parfaitement la langue fleurie et fruitée de Daniel Danis.

Une écriture très imagée, lumineuse, ouverte sur des horizons meilleurs. Parce que, avec ce remarquable « théâtre-film », la réalité, prise en pleine figure, se frotte au conte moderne.